El Clan est le 13ème long métrage réalisé par le producteur et scénariste Pablo Trapero. Il est notamment connu pour son film Leonera sorti en 2008 et ayant obtenu de nombreux prix. Quant à El Clan, il a été récompensé à Venise en 2015 par un Lion d’Argent dans la catégorie mise en scène.

L’histoire se déroule dans les années 1980 en Argentine et est inspiré de faits réels. Les Puccio, famille argentine, à l’aspect banal, est en réalité une bande mafieuse très reconnue. Le patriarche de la famille fait appel à son fils Alejandro, grand rugbyman à en devenir, pour lui apporter de potentielles victimes. Le mode opératoire est toujours le même : ils kidnappent, demandent une rançon et exécutent la victime. Mais lors d’un kidnapping, une famille refuse de payer la rançon imposée, ainsi les Puccio gardent leur victime pendant quelques années. Cependant, l’étau se resserre sur la famille machiavélique puisque la police locale les soupçonne. Ainsi, lors d’une perquisition, les policiers découvrent l’otage dans le sous-sol de leur maison. Ils sont donc tous arrêtés et jugés : le père et le fils écopent de la prison à vie tandis que les autres membres de la famille sont jugés comme témoin passifs. Alejandro meurt à l’âge de 49 ans, après avoir purgé sa peine et s’être reconverti en avocat. Contrairement au père, qui lui, va clamer son innocence et mourir à l’âge de 84 ans en 2012…

Tout d’abord, le réalisateur ne développe que très peu ses personnages, mais cela ne gêne absolument pas. Le spectateur sait juste que la famille Puccio est native du quartier et est appréciée des voisins et que Alejandro est une star du rugby locale. Implicitement, cette famille a, depuis des années, étendue ses tentacules mafieuses sur la ville de Buenos Aires.

Par la suite, le décor est banal : un quartier résidentiel, à l’allure calme, situé en périphérie de la capitale. Ce décor contraste totalement avec l’action se déroulant au sein de l’habitation des Puccio puisque ses habitants font régner la terreur, ce qui permet d’emblée, de créer un clivage entre le « dedans » (maison) et le « dehors » (ville, rues…)

Les lumières, quant à elles, sont très bien employées : des couleurs ternes accentuant la noirceur des moments de violence. Ces couleurs contrastent totalement avec les moments de plaisir ressentis par les protagonistes (rugby, sexe..) car elles deviennent de suite beaucoup plus vives.

Le jeu des acteurs est magnifique. Le patriarche des Puccio interprété par Guillermo Francella joue admirablement bien, en effet, son maquillage et ses cheveux blancs créés une véritable personnalité grave et agressive, à l’instar de ses actes. Alejandro, quant à lui, joué par Juan Pedro Lanzani, est tout aussi admirable dans son rôle : il sait passer de moments douteux à des moments beaucoup plus festifs, joyeux et sportifs, sans laisser le spectateur sur le banc de touche.

Ce qui fait aussi la force de ce film, c’est son scénario bien ficelé qui sait captiver le spectateur de la première à la dernière minute. On avise, on tente de comprendre et on souhaite absolument connaître la fin de cette histoire si noire qui a ébranlée l’Argentine tout entière.

La musique joue aussi un rôle essentiel puisque Pablo Trapero a choisi des musiques des années 1980 pour créer une véritable ambiance : il arrive à banaliser la violence grâce à ces musiques de fond qui amènent le spectateur à se détendre face à des scènes extrêmement brutales.

Le montage du film est parfaitement réalisé, notamment le montage alterné (les scènes de violence viennent s’opposer aux scènes de plaisir intense) qui vient une fois de plus montrer les différences entre Alejandro et le père de famille, beaucoup plus agressif et impitoyable que son fils.

Enfin, le cadrage somptueux est le plus gros point fort de El Clan. Le réalisateur alterne entre plans serrés lors des moments de doute et plans larges lors des moments sportifs, intenses en émotions etc.. De plus, le flou est énormément utilisé sur le personnage d’Alejandro, ce qui traduit des moments de stresse et de remise en question face à cette violence inhérente.

En conclusion, El Clan est une véritable réussite, Pablo Trapero a su retranscrire avec splendeur les actes cruels de la famille Puccio dans les années 1980. Que ce soit par le cadrage, par le décor ou encore par le scénario, ce film mérite amplement sa place dans l’énorme bibliothèque des classiques cinématographiques!

Crédits photos : Film El Clan