Centre Ville à Vendre. Les dernières mesures gouvernementales de confinement et de fermeture des magasins « non-essentiels » ont provoqué la colère de nombreux commerçants français et le soutien de nombreux maires. A Dunkerque, Clio Rossi, gérante du magasin Pompes & l’Up, nous explique les actions mises en place avec les autres commerçants.

Clio, les dernières annonces gouvernementales ont suscité la colère  des commerçants dunkerquois. Pourrais-tu nous expliquer pourquoi ?

Tout d’abord, nous tenons à préciser que nous comprenons les mesures de re confinement qui ont été prises et que nous sommes conscients de l’évolution de cette crise sanitaire et de la recrudescence des cas COVID ces dernières semaines. 

La fermeture brutale a suscité effectivement des questionnements sur l’équité des différents commerces. Néanmoins, nous estimons que le gouvernement a pris le problème à l’envers. Le retrait des grandes surfaces des produits dits “non-essentiels” n’étaient pas la solution. Il est évident que cela va créer des situations de chômage partiel voir des licenciements et ce n’est pas ce que nous souhaitons. Les salariés de ces grandes surfaces sont aussi nos clients !

D’autre part, les achats en général et ceux de Noël seront automatiquement redirigés vers les grands revendeurs internet.

Pourquoi les grandes surfaces ne prennent pas plus de mesures contre la propagation de ce virus ? Prise de température comme dans les aéroports, gestion du flux de personnes au sein des magasins, obligation de se passer les mains au gel hydroalcoolique (personne physique à l’entrée). Nous estimons que, tant que la contagion se fera dans ces grands magasins, nous ne pourrons rouvrir nos petits commerces de proximité, malgré toutes les mesures que nous avons mis en œuvre chez nous.

Avez-vous été satisfaits de la réaction de notre Maire ?

La mise en place d’un arrêté allant à l’encontre des mesures prises par le Gouvernement, n’a pas été jugé nécessaire par Mr VERGRIETE, mais nous pensons qu’il nous soutient dans notre démarche. Il est nécessaire de trouver des solutions, afin de pouvoir réouvrir au plus tôt tout en maintenant la sécurité de chacun et ne pas créer l’anarchie.

Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est un maintien des aides de la CUD, qui avaient été mises en place en complément du fond de solidarité lors du premier confinement. Nous souhaitons ne pas être redevables de la cotisation foncière des entreprises (CFE) n’ayant pas pu ouvrir nos commerces durant plusieurs mois. A quoi bon verser 1000 € d’aides, si nous devons les rendre au titre de cette taxe ?

Il avait également été question de créer une sorte de plateforme ou marketplace local par le service dédié aux commerces de la  Mairie de Dunkerque. A ce jour nous ne connaissons pas l’avancement de ce dossier.

Penses tu que vous êtes vraiment des magasins non essentiels ?

Bien évidemment non, nous estimons que nous sommes essentiels à l’attraction de notre ville. Nous répondons à des besoins . Je n’ai pas créé ma boutique en pensant que j’étais un commerce non essentiel ! Nous voulons juste travailler !

Comment les commerçants se mobilisent face à ces mesures et face à la crise ? 

Même si de nombreux commerçants tentent de développer des solutions digitales, ainsi que le « click and collect », ce n’est pas l’essence de nos boutiques de proximité. Nos clients viennent chercher un conseil, un accompagnement. Ils ne sont pas pas tous prêts à passer leur commande sur nos plateformes. Même si nous sommes très soutenus dans notre démarche par nos clients et nous les remercions. J’ai moi-même mis en place ces solutions dès le premier confinement et les ventes ont représenté 5% de mon chiffre d’affaires. 

Du coup, vous avez lancé un mouvement ?

Je ne sais pas si nous pouvons parler d’un mouvement, mais il était nécessaire de s’unir afin de montrer notre volonté de bien faire et ce dans l’intérêt de tous .

L’idée était aussi de marquer les esprits avec ces pancartes. Nous avons mis en place des mesures sanitaires très strictes au sein de nos boutiques, et nous ne comprenons pas cet acharnement. Si nous ne pouvons rouvrir nos commerces début décembre, les conséquences seront terribles.

Vous souhaitez mener d’autres actions ?

Je ne peux parler au nom de tous les commerçants, mais nous attendons les prochaines mesures, ainsi que l’évolution des indicateurs de contamination. Le but n’est pas de créer de polémiques ou d’attaquer à tout va . Il faut trouver des solutions pour avancer ensemble.

Comment les clients peuvent vous aider ?

Les commerçants sont pour la plupart très présents sur les réseaux sociaux Facebook ou Instagram (avec ou sans site internet). Il est possible de les contacter directement pour faire vos achats ou avoir des renseignements. Les livraisons ou le « click and collect » sont très souvent proposées .

Es-tu optimiste ou pessimiste quant à l’avenir des commerçants sur Dunkerque ?

Je reste optimiste car je souhaite sauver mon commerce, mon emploi. Mais nous devons nous attendre à des moments très difficiles. Nombreux se sont endettés voir ré endettés (prêt BPI), les autres échéances, charges, loyers ont été repoussées, et non supprimées.

Mais j’ai encore envie de me battre …