La la land est le second film réalisé par le jeune et mélomane Damien Chazelle. Après la révélation Whiplash, oscarisé en 2014, le cinéaste américain récidive avec une comédie musicale haute en couleur qui lui vaut déjà 7 Oscars et autant de Golden Globes.

A Hollywood, la jeune comédienne Mia cherche désespérément une place au sein des plus grands du septième art. Echouant casting après casting, elle rencontre un élégant pianiste, fan de jazz, du nom de Sebastian. Au gré des saisons, une histoire amoureuse prend naissance entre les deux artistes jusqu’à ce que Sebastian parte en tournée et que Mia obtienne un rôle. Alors obligés de se séparer, ils se retrouvent cinq années plus tard. Mia est une grande actrice et s’est fiancée à un autre homme tandis que Sebastian a réalisé son rêve de toujours : ouvrir son propre bar de jazz. Mais alors que tous deux paraissent heureux, leurs regards se croisent pour une ultime fois et leur vie, leurs choix, leurs sacrifices refont surface le temps d’un instant. Épris de nostalgie et d’une certaine déception d’être passé à côté l’un de l’autre, Mia et Sebastian ont réalisé leur rêve. Mais à quel prix ?…

 

Dans la lignée de Whiplash, La la land impose son style et renoue avec le classique des années 60 : la comédie musicale.

Une chose est certaine, la mise en scène est d’une incroyable réussite. Les lumières sont parfaitement maîtrisées, transformant une scène banale dans un bar en une piste de danse à l’allure sombre avec une lumière recentrée sur le personnage. De plus, Ryan Gosling interprète à la perfection son personnage mature et parfois morose, tombant amoureux d’une jeune actrice, jouée par Emma Stone, en proie à une envie importante de reconnaissance. Ces deux personnages se complètent avec une rare virtuosité, laissant transparaître les rêves de chacun grâce à leurs regards. La triste lueur dans les yeux de Ryan Gosling à la fin du long-métrage touche le spectateur en plein cœur, on comprend alors que les choix pris par les protagonistes tout au long de l’histoire ont été des déchirements sentimentaux pour Mia et Sebastian.

Par la suite, le film se compose de cinq « séquences » : hiver, printemps, été, automne puis hiver. Cette décomposition permet au spectateur d’assister aux échecs et aux réussites des deux personnages, notamment appuyés par les couleurs chaudes dues aux chorégraphies qui ponctuent le film. Émerveillé par les films de Jacques Demy, Damien Chazelle s’est inspiré des Parapluies de Cherbourg ou encore des Demoiselles de Rochefort afin de créer avec sa chorégraphe Mandy Moore, des danses en adéquation avec l’état d’esprit des personnages. Ces chorégraphies ont toutes été exécutées par Ryan Gosling et Emma Stone afin d’appuyer le réalisme du long métrage. Tout comme les danses, Gosling s’est longuement entrainé au piano pour le rôle de Sebastian, en effet toutes les compositions ont été interprétées par l’acteur américain, qui a dû s’exercer de longs mois durant.

Enfin, le plan séquence d’ouverture sur l’autoroute est d’une extraordinaire technicité ! Pendant plus de cinq minutes, la caméra virevolte à l’image des danseurs. Une scène typique des années 60 qui permet au spectateur d’entrer dans l’univers fabuleux de La la land en renouant avec les classiques plans séquences des comédies musicales américaines et françaises.

En conclusion, La la land est un film bouleversant et « proche de la perfection » selon le Time. Les choix scénaristiques et techniques ont tous un sens, le jeu excellent des acteurs permet d’entrer (ou de retomber) pleinement dans l’univers de la comédie musicale des années 60. Damien Chazelle s’impose donc comme un réalisateur de génie et confirme une fois de plus son talent de cinéaste mélomane. On en redemande…