Qui l’eut cru? La Belgique ne se résume donc pas juste à son chocolat, à ses frites et à sa capitale européenne? Et bien non. Nos voisins belges gardent jalousement de magnifiques joyaux qui se font la vitrine de leur passé, de leur culture et de leur patrimoine. Un unique mélange d’époques sous le ciel flamand. Vous vous accordez donc deux heures pour découvrir la Venise du Nord, Bruges. Direction l’autoroute A16/E40 pour vous jeter dans les bras de la belle flamande…

Bruges, les pieds dans l’eau…

Vous accostez sur une petite place ombragée, typique des décors envoûtants de la cité flamande, au nom difficilement prononçable: Jan Van Eyck Plein. Ce nom n’évoque encore rien pour vous, mais l’âme du peintre du même nom ne tardera pas à affoler vos sens. Mort au pied de la belle des Flandres, Jan Van Eyck reste une icône de la cité, et son travail sur les portraits d’un réalisme minutieux reste gravé dans l’âme même de Bruges. Et même s’il est au centre de cette place et de l’attention, il n’est pas le seul élément historique du lieu. En effet, cette place était jadis un ancien port où étaient chargées et déchargées toutes sortes de marchandises. La présence de canaux autour de vous est un élément autant pédagogique qu’envoûtant. Le bruit de l’eau caresse l’écho des badauds dont les voix se répercutent au hasard des façades. Vous sentez déjà la douceur de la cité envahir vos entrailles d’aventurier. Quelques esterlins placés dans le réceptacle gardien du stationnement, et vous voilà parti en direction du temps, pour un voyage dans une époque passée que jamais n’oublie le présent, et qui se feront à eux deux les messagers de votre futur.

… et la tête dans les étoiles

Vous voici enfin sur le chemin, arpentant les rues pavés de la cité de Bruges. Un rapide coup d’œil sur la devanture de la très réputée caverne de Bacchus-Cornélius, et vous arrivez sur la Vlaminstraat. Et ici, un détail vous interpelle: le silence des eaux semble laisser place à une étrange agitation. De furtive, elle devient oppressante au fur et à mesure de votre progression dans cette rue. Un halo de lumière, vous atteignez enfin la source de ce bruit: Vous êtes arrivé au pied du colossal Beffroi de Bruges. Du haut de ses 83 mètres, ce géant de pierre veille sur le centre névralgique du tourisme de la cité, La Grote Markt ou Grand-Place de Bruges. Ces 47 cloches retentissent froidement, et contrastent avec la chaleur humaine bouillonnante qui émane de cette place. Ici, tous se dispersent pour envahir la cité, mais tous s’y rejoignent enfin pour se conter leurs découvertes. Et tout est fait pour divertir les seigneurs de passage et leurs petites familles. Les sabots des chevaux claquent sur le pavé et précèdent ces calèches hésitantes qu’occupent des paisibles curieux équipés de leurs perches à selfies. Ils veulent tous arracher à la Venise du Nord un morceau de son âme pour en faire un joyau visuel et sensoriel. D’étranges camionnettes sillonnent également les artères de la ville pour se rejoindre sur cette Grand-Place et vider leur chargement de touristes, pour en attirer d’autres de leur bal informel et incessant avec la cité. Mais à présent, où aller? Où suis-je passé? De quoi seront faites ces futures minutes qui n’attendent que moi?

La beauté des yeux sous la clémence des cieux

Vous choisissez de suivre alors la Breidelstraat pour atteindre une nouvelle place, dont l’atmosphère semble plus solennelle que la précédente. Vous arrivez en son centre et d’un mouvement circulaire de votre tête, vous comprenez que ce sentiment n’est pas anodin. Vous faites face à la basilique du Saint-Sang de Bruges. Cet ouvrage du XII siècle est une icône importante du patrimoine de la ville. En effet, elle y abrite en son sein la relique du Saint-Sang, rapportée de la terre sainte pendant la seconde croisade, et conservée en ces lieux depuis 1150. Cette basilique, magnifique réussite architecturale, nous rappelle que le moyen-age n’est loin de nous que sur la ligne du temps, et que ces vestiges cohabitent fièrement avec notre siècle. Ce spectacle magnifique ne peux pourtant durer éternellement. Vous vous glissez donc furtivement par la Blinde-Ezelstraat, traversez innocemment la Huidenvettersplein et ses nombreux restaurants pour enfin plonger votre esprit dans le Dijver. Ce canal au cœur de la vieille ville est le repère de tous les marins d’un jour, sillonnant invariablement les artères de la cité à la recherche d’un morceau de souvenir à croquer. Quel spectacle! Les charmes de cette ville de Bruges ne cessent de vous tenter, de vous attirer et leur résister est de plus en plus difficile. Le contraste entre ces flots mystérieux, ses maisons posées sur l’eau et le ciel resplendissant marque votre rétine, et vous savez d’ors et déjà qu’il sera impossible pour vous de trahir le souvenir de la belle. Vous évoluez parmi les chalands, et passez devant le Gruuthusemuseum sans même le voir. Quel dommage d’ignorer ce musée unique regroupant la collection la plus variée des arts appliqués ou arts décoratifs de Bruges du XIIIe au XIXe siècle. Mais votre esprit est ailleurs…

Bruges, la gourmande aux milles fèves

Le temps est presque écoulé. Votre esprit erre encore dans ces ruelles joyeuses et mystérieuses. Vous n’avez toujours pas percé le mystère de temps. Que faire? Seul un élixir divin pourrait vous guider dans cette quête. Une création si pure qu’elle parviendrait à effacer vos doutes. Des courbes, des couleurs, et ce goût sucré et puissant qui en damnerait vos papilles. Vous arrivez sans savoir comment sur la Wollestraat, et à cet instant vous comprenez que votre corps va être le théâtre d’une bataille des saveurs. Ce chocolat tant de fois cité, s’offre à vous comme une perle brillante et suave dans un écrin de satin. Bruges va vous envoûter… Les vitrines se succèdent et rivalisent toutes de charme pour attirer le promeneur en quête de chocolat sous toutes ces formes. Difficile de l’ignorer, impossible de l’oublier, vous tenterez d’être raisonnable mais après tout, la belle des Flandres n’a t’elle pas déjà eu raison de votre … raison? Alors vous plongez, vous savez que le délai est presque écoulé. Deux heures qui ont semblé durer des siècles et des siècles qui se sont étirés jusqu’à n’être que de simples clignement d’oeil. Mais ce chocolat est le seul à parvenir à figer ce temps. Il semble vous laisser un peu de répit. Mais il vous trompe, vous masque la vérité. Il joue de vos sens… Tic Tac Tic Tac…

Vous arrivez à Biskajersplein. Vous êtes incapable de comprendre. Vous tituber. Les idées les plus folles s’agitent dans votre cerveau. Avez-vous vaincu la grande cité flamande? En avez-vous découvert les secrets? Elle se rit déjà de vous voir partir, et sait que vous garderez une trace indélébile de votre passage entre ces murs. La belle et douce Bruges va s’endormir, paisiblement. Le soleil se cache, témoin de votre déroute. Vous reviendrez sans aucun doute, car La Venise du Nord est ainsi: Elle se joue de vous, pour mieux lui revenir…

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Crédits photos: Photos réalisées par Le Druide