Quand on entend le mot industrie on pense systématiquement à Arcelor, ou aux grosses infrastructures se trouvant sur le port de Dunkerque. On oublie au passage que l’industrie est d’abord un processus : produire et/ou transformer en série. J’ai donc été à la rencontre d’une entreprise industrielle à taille humaine dans la région du Nord : Flandre Elastomères. Déjà : « Flandre », l’atelier et les bureaux sont situés à Brouckerque. « Elastomères » qu’est-ce que c’est ? On entend élastique dans le mot… Bingo : il s’agit du caoutchouc.
Parcours d’entrepreneur
L’entreprise de Bernard Malingreau existe depuis 2003. A l’époque, il quittait son emploi dans un grand groupe caoutchoutier pour se lancer à son compte. Connaissance du secteur, des métiers, de la matière, et des clients prêts à le suivre. Deux choses ont conduit ce choix d’entreprenariat. D’abord, le constat que les petites et moyennes séries étaient souvent laissées de côté par les grands groupes. Il y avait donc un besoin sur le marché. Ensuite, bien entendu, la volonté de devenir indépendant, notamment pour pouvoir être plus efficace sur certaines phases de l’activité. Au début, l’optique de l’entreprise était d’exploiter une formule de mélange feu-fumée pour le marché ferroviaire. Pour cela une longue procédure – environ 3 ans- d’homologation a été entamée avec divers laboratoires. Temps faisant, un autre besoin du marché s’est présenté de manière récurrente : la découpe. Flandre Elastomères s’est donc adapté et s’est orienté vers l’activité de découpe du caoutchouc.
C’est quoi le caoutchouc ?
Vous vous posez peut être la question : Mais le caoutchouc, concrètement, ça sert à quoi ? Question légitime, car vu de loin on pense surtout à de gros blocs de matière noir, et on a du mal à concevoir quelles sont ses applications. Là, par exemple, si vous consultez cet article sur votre smartphone et bien, vous dépendez entre autre d’une mousse de silicone, qui est un polymère. Si vous faites de la moto, votre casque contient aussi probablement plusieurs dérivés du caoutchouc. S’il vous arrive de jouer au billard, d’utiliser une gomme, un tapis de souris, des chaussures de sécurité et bien vous dépendez en partie de ce même caoutchouc. Vos fenêtres, portes, voitures en contiennent tous. Ah et si vous êtes sportif et qu’il vous arrive d’aller vous entrainer au basket ou au foot sur un city-stade, une fois de plus vous dépendez du caoutchouc. Amortissement, acoustique et isolation sont les principales fonctions de cette matière transformée.
Se financer et s’adapter au marché
Revenons sur l’entreprise. En s’adaptant à la demande, Bernard a donc du ouvrir et étendre un nouvel atelier de découpe, ce qui a nécessité un investissement conséquent. Il a à cet effet démarché FINORPA afin d’être accompagné dans son projet et d’avoir un apport extérieur en capital. L’activité n’est plus uniquement de l’achat-vente, la découpe constitue une véritable valeur ajoutée sur le marché. En questionnant Bernard sur son parcours d’entrepreneur il reconnait que c’est dur par moment, certains matins, mais qu’il ne regrette absolument pas ce choix. La fierté d’être toujours là au bout de 13 ans. Il n’a pas atteint son ambition de départ, mais est toujours en projet, anticipe déjà les prochains investissements.
Quelques conseils d’entrepreneur :
Que diriez-vous au Bernard d’il y a 10 ans ?
Faut pas rêver, si tu ne fais pas une chose, personne ne la fera à ta place. Il faut régler tous les problèmes dès le départ, le plus vite possible.
Un bon conseil à prendre pour tout jeune entrepreneur ! Au cours de l’entretien, d’autres points primordiaux ont également été soulevés :
Il faut des bons outils.
Vouloir faire des économies sur ses outils, c’est augmenter les risques de malfaçons, de dysfonctions, et donc engendrer des retards sur les commandes, ou carrément des annulations. Investir à perte et/ou retarder ou compromettre toute l’entreprise.
Prendre en compte le temps de maitrise dans l’investissement.
On l’oublie souvent, mais l’outil ne fait pas tout. Même si très perfectionné, un outil nécessite un temps d’apprentissage, de familiarisation jusqu’à la maitrise. Ce temps est à prendre en compte avant toute acquisition, que ce soit au lancement d’une activité ou par la suite.
Mobiliser plus de moyens dès le début.
Engager peu de moyens, mais surtout engager une grande part sur fonds propres peut facilement constituer un danger pour soi et son entourage, sa famille. Autant que possible limiter les risques personnels et donc privilégier la levée de moyens extérieurs.
Quel marché ?
Concernant Flandre Elastomères, son marché actuel se situe géographiquement en proche Europe : Belgique, Luxembourg, Pays-bas, Angleterre et bien entendu France. La destination est essentiellement l’industrie lourde, le bâtiment, la logistique, les équipementiers aéronautiques et ferroviaires, ainsi que les loisirs. Oui, si vous faites de l’équitation ou des sports nautiques vous dépendez aussi du caoutchouc.
Bonus personnels
Dernière petite question : Vous semblez attachés à votre région. Qu’est-ce que vous appréciez dans la Flandre ?
Oui, c’est vrai. J’aime beaucoup la Flandre, surtout la Flandre intérieur, le mont Cassel par exemple ou Furnes. Surtout avec le temps et l’énergie que je consacre à mon entreprise, j’apprécie de plus en plus pouvoir profiter des charmes de la région.
La gastronomie locale, comme les bières de caractère par exemple, et les paysages ?
Exactement.
Et sinon, un groupe de musique préféré ?
Toto, sans hésitations.
Je partage tout à fait ce choix.
Voir le site : FLANDRE ELASTOMERES