Au tour de Mikko Umi de se dévoiler pour Kessadi. Après avoir vu ses œuvres et superbes illustrations circuler sur le web jusque sur les murs de la ville, nous étions très curieux de pouvoir questionner son auteur Nico. Mais surtout, il était impossible pour nous de ne pas vous montrer l’étendue du talent de ce créateur de génie, et dunkerquois de surcroît.

Mikko Umi, peux-tu te présenter ?

Ma naissance

Je m’appelle Mikko Umi. Dans un premier temps je m’appelle Nicolas ou Nico pour faire court, ce qui donnera Mikko bien plus tard. Je suis né par voie classique. Depuis l’utérus, j’ai emprunté le toboggan, qui allait me mener tout droit vers le monde extérieur. Et j’étais loin d’imaginer vers quoi je me dirigeais. J’en ai gardé aucun souvenir, étonnant et heureusement à la fois. Bref, la première partie de ma vie s’est déroulée sans trop d’histoires, à part peut-être avoir essayé une fois de m’agrafer un doigt et me coller les genoux avec de la colle forte. Ce qui ne m’a pas du tout convaincu sur les bienfaits du sadomasochisme.

Les années « écoles »

Sont venues ensuite les années « école », ce qui m’a terrifié pendant de très longues années. À l’âge de 15 ans, c’était l’arrivée de la culture hip-hop en France. On découvrait des groupes comme NTM et le mouvement graffiti. C’était comme une révolution. Peindre des fresques, des trains, des voies ferrées, il n’y avait plus que cela qui comptait. Pendant plusieurs années on se retrouvait dans des cafés pour dessiner sur des cahiers, ce que nous allions peindre la nuit venue. C’était un mode de vie indispensable à notre équilibre.

Les petits boulots

Puis au fil du temps, je ne me retrouvais plus trop dans ce qu’était devenu le mouvement. J’ai donc pris mes clics et mes clacs, et je me suis complètement coupé de ce milieu (un peu à contre cœur) qui ne me ressemblait plus. J’ai totalement arrêté de dessiner, en même temps pour m’exercer à d’autres activités. J’ai arrêté l’école dès que j’en ai eu l’occasion pour me diriger vers un contrat d’apprentissage en sérigraphie. J’ai découvert un métier passionnant, ou plutôt une technique. J’avais 16 ans et dès le matin on me faisait nettoyer des écrans avec des produits hyper chimiques. Je passais le reste de mes journées la tête étourdie par les produits à imprimer des séries de 20 000 t-shirts. Très bonne expérience sur les psychotropes mais professionnellement désastreuse. Suite à cela j’ai enchaîné les petits boulots de vendeur en prêt à porter à emballeur de chocolats la nuit jusqu’au jour où ma mère m’a offert mon premier ordinateur, c’était pour mes 20 ans. Je peux dire que ça a changé ma vie mais je ne le savais pas encore. Je n’ai jamais été attiré par les jeux (sauf pour leur design), je passais mes journées et mes nuits volets fermés collé à l’écran à me faire la main sur les logiciels Adobe.  Suite à cela j’ai suivi des formations approfondies sur Illustrator et Photoshop puis sur la programmation web.

Début du Freelance

Sorti de là je me suis senti prêt, c’était ça que je voulais faire, travailler dans la création graphique assistée par ordinateur. Le monde en entreprise ne semblait pas vraiment me correspondre je me suis donc lancé dans la folle aventure du freelance. Ça n’a pas été facile les premières années, il fallait me faire la main tout en trouvant des clients et gérer la comptabilité tant bien que mal. Au fur et à mesure des années j’ai affiné mon style (je continue toujours d’ailleurs). J’ai dû me décider à jongler entre travail salarié et travail freelance pour pouvoir payer les factures. Au début je travaillais surtout sur de la communication institutionnelle assez classique, entre cartes de visite, calendriers, sets de tables et ce genre de choses, laissant au final très peu de place à la créativité.

Naissance de Mikko Umi

J’ai fini par abandonner la programmation web pour me concentrer exclusivement au graphisme. Aujourd’hui on me connaît sous le nom de Mikko Umi (Mikko pour Nico et Umi qui veut dire ‘la mer’ référence à mon nom de famille). Après toutes ces années de recherches et de perfectionnement je travaille enfin sur ce qui me plait vraiment : la création graphique, l’illustration et la peinture murale. Avec la démocratisation du street-art, on a vu arriver des artistes de tous les milieux avec des styles et des techniques très différentes. On peut maintenant peindre à la bombe, au pinceau, au feutre, tricoter, coller, souder…. Qu’importe, tu veux t’exprimer et décorer, alors vas’y empare toi de l’espace public. On est plus obligé d’écouter que du hip-hop et dessiner que des lettres pour pouvoir exercer. Le graffiti, « le writing », avec ses lettres et ses codes sera toujours le ciment de l’art de rue, mais il n’y a plus de restrictions désormais. Avec internet tout a évolué, c’est maintenant possible de toucher des clients à l’autre bout du monde, tout en habitant Dunkerque, c’est assez incroyable. Bien sûr, rien n’est acquis, aujourd’hui je vais vers mes 40 ans, chaque jour est un nouveau défi et j’estimerai le travail accompli qu’une fois mort et j’espère dans très longtemps.

Quels éléments ont aidé la création de toi, Mikko ?

Ma mère bien sûr, si elle ne m’avait pas acheté cet ordinateur pour mes 20 ans je serais peut-être toujours en train d’emballer des chocolats en Belgique et j’aurais probablement 20 ou 25 kilos en trop. Ma chérie, qui me soutient tout le temps et qui me laisse travailler des journées entières sans jamais râler.

Qu’est-ce que tu détestes le plus dans la vie ?

Je déteste la souffrance, la manipulation et les inégalités dans le monde. Je déteste le racisme. Je déteste la souffrance animale. Je déteste les supermarchés (les lieux et les méthodes). Je déteste avoir une montre et l’heure en général. Je déteste me lever trop tôt le matin et avoir la gueule de bois. Je  déteste les gens qui se croient meilleurs que les autres parce qu’ils ont beaucoup d’argent. Je déteste la maladie (du rhume au cancer). Je déteste les vols low-cost où on est comme du bétail. Je déteste les salles d’attente où on attend toujours trop longtemps. Je déteste les mocassins en cuir,  le pain précuit et les  frites en sachet. Je déteste les  friteries qui utilisent les deux derniers. Je déteste avoir froid …

Qu’est-ce que tu aimes le plus ?

J’adore la nature, les paysages, les animaux sauvages, la flore, les pays chauds, les pays froids aussi mais alors bien couvert. La jungle, la mer (chaude et cristalline) les couleurs du ciel, la photographie, la musique (mais pas toutes), le bowling, les bd de Lisa Mendel, Alice au pays des merveilles et les films d’animation des studios Ghibli. J’adore mon chez-moi, mon travail, les autres créatifs, mes deux chats Howard & Hector, ma chérie et bien sûr … LES FRITES !!!

Qu’est ce qui te plait le plus à Dunkerque ?

La plage, les dunes, les rues de Malo, les mouettes, le port, la frontière belge, LES FRITERIES !! (même si çà devient difficile d’en trouver des bonnes).

Qu’est ce qui te déplaît le plus à Dunkerque ?

Le froid, la pluie, le ciel gris et la couleur de l’eau.

Où te suivre sur internet ?

  • Mon site internet : mikkoumi.fr Je le mets régulièrement à jour, c’est là que les images ont la meilleure définition.
  • Facebook forcément, aujourd’hui c’est impossible de ne pas y être si on veut toucher un public international ou même son voisin.
  • Instagram : Pour le côté mobile et l’absence de texte, ca évite de lire les conneries de ceux qui n’ont rien à dire.
  • Behance : Le réseau des créatifs.

Voilà pour les endroits où je suis le plus actif.

Des projets ?

Oui beaucoup, mais je ne dévoile rien, le mieux c’est de me suivre !

Un message à nos lecteurs (trices) ?

Restez simples, soyez créatifs et TOLÉRANTS. Vous avez un projet ? Vous avez un mur de libre qui ne demande qu’à être peint ? Vous avez une question ? N’hésitez pas à me contacter,  je réponds toujours.

P E A C E,          Mikko Umi