Après une carrière de monteuse marquée par le succès (Zarafa, La French), Sophie Reine s’oriente pour la première fois vers la réalisation d’un film avec Cigarettes et chocolat chaud.

Le long-métrage met en scène la famille Patar : Denis, le père (interprété par Gustave Kervern), qui peine à avoir un semblant d’autorité, Janine (jouée à merveille par Héloïse Dugas), âgée de 13 ans et atteinte du syndrome de la tourette et Mercredi (Fanie Zanini), 9 ans, prénommée ainsi en l’honneur de David Bowie, idole du foyer. Après un ultime oubli de sa fille à l’école, Denis se voit obligé à assister à un stage d’éducation orchestré par Séverine (Camille Cottin) qui lie avec lui et ses filles, une amitié sincère. Accumulant les difficultés financières, Denis décide de renoncer au stage, ce qui déclenche immédiatement une procédure d’instance juridique mettant en branle la garde de ses enfants. Outrepassant l’aspect extérieur de précarité, Séverine amène son directeur rencontrer les Patar où il se rend compte de son erreur de jugement et décide d’enlever toutes les affaires administratives liées à la famille. In fine, Denis finit par comprendre les règles qu’il se doit d’imposer à sa famille pour créer un minimum de cadre au sein de la maison.

Cigarettes et chocolat chaud s’impose comme un film excellent scénaristiquement parlant, avec énormément de rebondissements en moins de 1h35, mais assez faible au niveau mise en scène.

En effet, la force principale du film est sa capacité à nous narrer l’histoire d’une famille attachante qui, malgré des difficultés financières importantes (maison peu entretenue, repas préparés avec des aliments peu variés etc.), reste debout grâce à son amour. Facteur primordial de ce moteur : le jeu des acteurs. Héloïse Dugas, malgré son jeune âge, nous bouleverse et réussit à s’imprégner de son personnage, atteint de la tourette, avec une force et une simplicité magistrale. Toujours dans la demi-mesure, elle fait écho au personnage du père interprété brillamment par Gustave Kervern qui comprend à quel point sa fille souffre aussi bien physiquement que mentalement. Et pour compléter ce trio fantastique, la petite Fanie Zanini endosse le rôle d’une petite fille pleine d’énergie qui tente de trouver sa place dans une société normée qui ne semble pas l’accepter.

Outre le scénario, la mise en scène nous laisse un peu sur notre faim. Seulement une série de cadres bien trop classiques, avec quelques raccords dans l’axe, pour venir se concentrer sur les sourires et les regards de la famille. L’usage du flou quant à lui manque à l’appel. En effet, son atout « isolationniste » aurait pu être parfaitement incrusté sur le personnage de Janine, victime d’une maladie ; ou alors la non-utilisation des flous est intentionnelle, ce qui témoignerait de l’attention que lui porte sa sœur et son père au quotidien… ?

Toutefois, Thomas Grézaud, chef décorateur, a fourni un travail exceptionnel, permettant à l’intrigue de se développer dans un cadre propice à celui de la famille : précaire. Une décoration qui fait la paire avec une très bonne lumière, dirigée par Renaud Chassaing, qui pose un cadre à la fois triste et morne avec l’usage de couleurs froides à l’extérieur du cocon familial qui contraste parfaitement avec les couleurs chaudes au sein de la maison.

 

En conclusion, Cigarettes et chocolat chaud est un film brillamment conçu, à la fois intelligent, en phase avec les problèmes sociétaux actuels et à la fois touchant avec un père de famille qui tente de relever la tête hors de l’eau pour permettre à ses enfants de s’épanouir. Sophie Reine, la Ken Loach française ?