Episode 1

Ca vous est déjà arrivé d’en avoir ras le bol de tout, du boulot, des amis / de la famille, du système ? Ca vous est déjà arrivé de songer à tout virer et tout quitter pour aller voir ailleurs si vous y étiez ? (Ailleurs = île déserte / île paradisiaque / pays étrangers / bout du monde / corps de ferme au fin fond du Larzac… Au choix) Bah, nous, on a sauté le pas. Initialement, nous étions dunkerquois depuis une dizaine d’année et puis cet été, on a décidé pour moult raisons de transformer notre vie radicalement. On a presque tout vendu et on s’est barrés. On a laissé la famille, les amis et les chats sur le Dunkerquois pour devenir nomades, autrement dit SDF Internationaux.

 

Pour la petite histoire

Notre première étape touche à sa fin. Nous sommes partis le 30 septembre à 4h du matin de Dunkerque. Et nous sommes arrivés en Inde, à Pondicherry, à 16h30 le lendemain, après 4h de voiture, 7h d’avion, 8 h de transit en Arabie Saoudite (c’est long 8h!), 5 heures d’avion et 4h30 de taxi (dont 3/4h pour trouver l’hôtel, planqué dans une petite rue indienne), nous sommes arrivés à Pondicherry. Pour la petite histoire, Flo (mon conjoint) me tannait depuis plusieurs mois pour qu’on parte, mais sans de destinations précises. Et moi, j’avais toujours rêvé d’aller en Inde. Et puis, aujourd’hui, je me suis dit que ça pouvait peut-être vous plaire de découvrir notre nouveau mode de vie, surtout qu’il paraît qu’à Dunkerque, vous vous les caillez sévère !

Pondicherry est une petite ville d’un million d’habitants passés (c’est petit en Inde) située en Inde du Sud. Pas trop loin il y a Chennai, anciennement Madras. Et Pondicherry est un ancien comptoir français. On s’est dit que l’héritage français nous aiderait dans notre changement de vie, histoire que ça se fasse plus en douceur. En réalité, ça donne un quartier à part, question architecture, avec des maisons rénovées et d’autres qui auraient bien besoin d’un coup de neuf. Ca donne qu’il y a quelques personnes qui parlent français, quelques noms de rues en français essentiellement dans le quartier français. Et on peut aussi manger des « spécialités » françaises, comme le croque-monsieur à l’Alliance Française ou une bonne galette bretonne dans une crêperie 100% made in Bretagne et Pondicherry ou encore un steak au poivre dans un restau français. (Je me damnerai pour un Welch, mais bon, un croque-monsieur ça fait l’affaire et il n’y a pas d’épices!)

 

Mais en vrai l’inde est à des années-lumière de la France

Il y a environ 9000 km entre l’Inde et la France. Mais honnêtement, le fossé culturel est bien plus grand. Tu vois le grand écart de Jean Claude Van Damme ? Ce n’est clairement pas suffisant pour relier les 2 cultures. C’est super enrichissant et parfois déroutant. Mais pour que tu comprennes mieux mes propos, je vais te donner quelques exemples…

Commençons par ce que je préfère ici : les gens ! Putain ce que ça fait du bien de rencontrer des gens foncièrement gentils ! Pas qu’en France tout le monde soit désagréable, mais au premier abord, c’est différent. Ici, tu comprends rapidement le pouvoir du sourire. On ne parle pas la même langue, mais si tu souris à quelqu’un il va te le rendre. C’est top ! Ensuite quand tu parles un peu avec les gens, tu remarques qu’ils sont super respectueux. Ils font en sorte de ne pas te froisser, te complimentent, sont heureux de te faire goûter des trucs. C’est un truc de fou, tu ne vois pas ça en France. Pour te donner un exemple concret,  très régulièrement, les hommes s’arrêtent dans la rue pour complimenter la barbe de Flo. Et en étant au pays de Moustach’land, c’est à prendre au sérieux.

Autre exemple pour te montrer le décalage culturel entre la France et l’Inde, c’est les animaux en ville. En France, tu vas croiser des chats et des chiens en ville. Nous aussi on est en ville, mais je vois plus souvent des vaches, des poules et des biquettes que des chats. Sérieux ! Dans notre rue, on a deux vaches et dans une rue derrière il y a deux étables. Et oui, on est en ville, avec la surpopulation indienne, la poussière et les 36 odeurs associées (de l’odeur de crotte de vaches, à l’odeur de masssala à 9h du matin, en passant par l’encens, les fleurs, les égouts à ciel ouvert et les poubelles…)

Dernier exemple des plus probants, la circulation. On avait lu avant  de partir qu’en Inde on roulait à gauche. En soit, ce n’est pas un drame. Oui sauf que la réalité est un chouïa différente. En théorie, ils roulent à gauche. Sauf qu’on est en Inde et non en Théorie. Ca roule à gauche, puis parfois en contre sens. Les bus roulent généralement au milieu à vive allure. Il y a très peu de feux de signalisation. Les priorités, ce n’est pas à droite ni à gauche, c’est à celui qui klaxonne le plus fort / a le moins peur / fait le plus de forcing. Et les maitres mots de la circulation indienne c’est le klaxon et surtout ne pas regarder derrière soi. Le rétro du scooter, de la moto sert essentiellement à se recoiffer. (Pour de vrai). Ici, il y a beaucoup moins de voitures que de deux roues, ce qui en soi est mieux pour se garer et on a pu remarquer que c’était les voitures qui foutaient la merde sur la route. Ca nous a aussi fait rire qu’en France, une loi soit passée pour obliger les conducteurs à porter des gants. On en voit l’utilité, ce n’est pas le soucis. Mais ici les gens roulent sans casque, avec un polo et un short (en ce moment il fait frais, il fait 30°C). La plupart du temps ils sont en tongues et on en a même croisé à pieds nus. (Je te promets, c’est vrai!). En fait ici, il y a la loi et selon les Etats, elle est appliquée comme ça les chante.

 

Et à Pondycherry …

Pour le moment, c’est notre première étape et nous allons bouger d’ici quelques jours vers le Nord pour être au Népal en mars, date à laquelle prend fin notre visa. Nous sommes restés un peu plus de 3 mois ici. C’est une ville où il fait bon vivre.

A Pondy par exemple, l’alcool n’est pas interdit contrairement à une grande majorité de l’Inde et cerise sur le gâteau, l’alcool n’est pas taxé. Youpi ! La bière n’est vraiment pas chère (1€ les 650ml). Bon si tu veux une Leffe, c’est déjà plus dur à trouver et ça coûte un bras. Mais une Kingfisher bien fraiche, ça passe easy. On en a profité, parce qu’une fois qu’on sortira de l’Etat de Pondicherry, on n’en boira plus soit parce que ça coûtera cher, soit parce que ça sera introuvable.

La clope est aussi normalement interdite en Inde, dans toute l’Inde. On parlait avec un copain, qui nous expliquait que dans le Kerala (une autre région de l’Inde, d’où il vient), tu peux avoir une amande de 1000 roupies parce que tu as fumé dans la rue, soit un peu moins de 15€ mais ici, c’est une somme énorme ! A Pondicherry, on peut fumer dans la rue, mais il est préférable de se planquer. Tu ne verras personne se promener avec la clope au bec. Généralement, tu vas dans une petite rue et tu ne bouges pas le temps de fumer. Un peu comme quand t’es ado et que tu ne veux pas te faire griller. C’est pire encore quand tu es une femme. Je n’ai pas vu de femme indienne fumer. Et je cumule, je fume et je suis blanche. Bref, les gens me regardent un peu de travers, surtout les femmes d’ailleurs.

Les fêtes de fin d’année ont aussi eu une saveur particulière à Pondicherry. Il faut te dire que c’est super bizarre de fêter Noël et Nouvel An en sandalettes et en t-shirt avec un grand soleil et entre 25 et 30°C. D’abord, il y a eu Noël. Même si une grande majorité de l’Inde est hindoue, il y a des catholiques et des musulmans. Ici, Noël a été fêté. Les églises étaient décorées avec des néons (ils ont une addiction aux néons). Il y avait quelques sapins artificiels aussi. On a appris aussi qu’en Inde, on ne s’offrait pas de cadeaux à Noël, mais c’était surtout un moment à passer en famille. Dans le quartier français, la messe de minuit qui est réellement à minuit était célébrée en tamil, en anglais et en français. (Les deux premières langues sont les langues parlées ici). On a remarqué aussi qu’à Noël, c’était l’occasion pour certain de s’en coller une belle. Mais c’était sans connaître Nouvel An. Le 31 au soir, c’était de la folie. Il y avait de nombreuses soirées d’organisées avec DJ et tout ça. Ces soirées sont souvent en open bar et open buffet pour pas grand chose par couple (en moyenne 2000 roupies, soit une trentaine d’euros). Nous, on a décidé d’aller faire un tour sur la digue. C’était bondé ! Il y avait un spectacle, les gens (essentiellement des hommes) dansaient. Toute la digue était éclairée. Et cerise sur le gâteau : un vrai feu d’artifice à minuit. On est rentré un peu plus tôt pour éviter la viande saoule et passer un peu de temps avec nos amis indiens. Bref, c’est une expérience vraiment unique et malgré la distance qui nous sépare de nos familles et amis, c’était de bons moments !

Suite …

Voilà un bref résumé de nos 3 mois à Pondicherry et nos premiers mois en tant que nomades. Comme je te le disais plus haut, notre programme prochain est de monter vers le Nord de l’Inde. On envisage de visiter 3 ou 4 villes indiennes avant, histoire de voir autre chose que Pondicherry mais aussi couper un peu le voyage parce que les trajets ici, sont un chouïa différents de ceux en France (pas les mêmes distances, pas les mêmes durées, pas le même confort). Et puis, si ça te dit, je reviendrai d’ici quelques semaines, avec la continuité de notre voyage et pour partager avec toi nos péripéties en Asie.

Crédit photos : photos personnelles