En cette période de fêtes de Pâques, nous aimons nous réunir, recevoir, partager et vivre d’excellents moments avec nos proches. Mais pour certains parents qui vivent l’épilepsie de leurs bambins au quotidien, ces repas copieux peuvent devenir un véritable casse-tête. Heureusement, il existe des solutions pour réconcilier nos petits anges avec les plaisirs de la table, et passer une bonne Pâques cétogène.

Mais au fait, qu’est-ce que c’est « cétogène » ?

Le régime cétogène est basé sur une proportionnalité pondérale particulière entre les lipides et le « non gras » (glucides et protéines) de l’alimentation. Utilisé avant les années 20 dans le traitement des symptômes de l’épilepsie, ces mécanismes d’action ne sont pourtant pas encore connus. Il est proposé dans le traitement des épilepsies rebelles, c’est-à-dire les épilepsies contre lesquelles les traitements médicamenteux sont inefficaces, principalement chez l’enfant.

Mais il s’agira ici d’une variante du régime cétogène, à savoir le régime nommé « Atkins Modifié » qui nous concernera, du fait de son aspect moins contraignant pour une efficacité quasiment équivalente. Il se limite donc à comptabiliser les glucides de l’alimentation, sans apporter de limites aux lipides et aux protéines. On limite donc généralement à 10 grammes de glucides par jours l’alimentation de l’enfant. Il semblerait donc que ces mesures diététiques vont à l’encontre du plaisir gustatif de nos petites têtes blondes. Et pourtant, il est possible de leur offrir une joyeuse Pâques cétogène.

Vivre la maladie au quotidien

Quand il s’agit de faire plaisir à nos enfants, aucune montagne ni aucun précipice ne peut arrêter la volonté des parents. Et c’est ainsi que nous avons appris à composer avec ces contraintes pour proposer à notre petite fille de véritables repas de fêtes. Atteinte du syndrome de Doose, notre enfant cumulait au plus mal de sa maladie près de 100 crises pour 24 heures. Une situation invivable pour l’enfant comme pour ses parents, à laquelle le régime Atkins modifié a pu apporter une réelle solution. Malgré des débuts hésitants, et après énormément de temps passé à éplucher les étiquettes des produits de grandes surfaces, nous avons réussi à élaborer des repas variés et équilibrés, pour le plus grand plaisir de notre petite gourmande. Et sachant que son épilepsie s’est déclarée à l’âge de 3 ans, son palet a eu le temps de découvrir les plaisirs du sucre, nous donnant d’autant plus de fil à retordre. Prenons en compte les aliments autorisés en quantités illimitées : fromage, viande, poisson, crustacés et œuf. Il ne nous reste plus qu’à y ajouter une pincée de magie, un soupçon de fantaisie et surtout une bonne dose de goût pour contenter notre princesse.

Un jour de fête pour tous

Et quoi de mieux que de partager avec vous notre menu pour une joyeuse Pâques cétogène. Le but étant de proposer un repas avec apéritif, entrée, plat, dessert en ne dépassant pas la limite fatidique des 10 grammes de glucides.

Apéritif : Nous avons opté pour des crackers maison, que nous réalisons avec 60g de Ketocal (complément alimentaire), 20g de beurre, 1 œuf et 6g de farine de lupin. À cuire au four dans des moules formats langue de chat parsemé de gruyère râpé ou de parmesan. La préparation totalise un apport glucidique de 0,6g. Craquants, croquants et gratinés, les dignes remplaçant des crackers Belin.

Entrée : Pour l’entrée, un peu de fraîcheur fera le bonheur de notre petite gourmande. La solution ? Un classique des repas estivaux avec l’avocat thon/mayonnaise. L’avocat est un aliment extrêmement gras et riche en lipides avec un apport glucidique de 0,8g pour 100g. Idéal, accompagné de son thon au naturel et d’une généreuse portion de mayonnaise. Notre astuce fantaisie ? Vider l’avocat et se servir de la peau pour dresser l’entrée, avec pourquoi pas une pincée de paprika pour la couleur ou une demi tomate cerise pour le visuel.

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Plat : Pour le plat, nous avons choisi de privilégier un aliment peu consommé en France, mais facile à trouver et diablement goûteux : les minis épis de maïs. Un apport glucidique de 2,9g pour 100g, qui nécessite donc de l’utiliser avec attention. Passés au beurre, ils restent croquants et prennent un petit goût grillé qui ravie les plus jeunes. Nous y avons ajouté un purée de carottes (4,3g pour 100g) agrémentée d’une portion de Vache Qui Rit (ou d’un équivalent), avec un assaisonnement léger (sel/poivre/muscade), le tout servi avec une généreuse portion de rôti de porc. Un repas gargantuesque pour notre petite crevette.

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Dessert : C’est la partie du repas qui nécessite le plus d’attention, car dessert rime souvent avec sucre. Plusieurs options s’offraient à nous, avec comme dénominateur commun, Pâques oblige, le chocolat. La donnée essentielle est de ne pas perdre de vue que plus un chocolat est pure, moins il est sucré. Nous optons donc pour des chocolats dégustation avec 85% minimum de chocolat, ce qui équivaut à un apport glucidique de 19g pour 100g (1,9g par carré dans la plupart des conditionnements). Nous lui avons confectionné un œuf avec 33 grammes de chocolat (nouvelle astuce fantaisie : récupérer un œuf en plastique jaune d’une marque réputée pour les surprises, y glisser une petite fantaisie, ou même un petit sou,et l’enfermer dans l’œuf). Quelle joie pour notre princesse de redécouvrir les plaisirs du chocolat et la joie de la chasse aux œufs. Une alternative également efficace est la mousse au chocolat, qui se compose de chocolat (30 grammes pour faire 4 ramequins, ce qui correspond à 2,35g de glucides par mousse) et de blanc d’œuf. Nous y ajoutons uniquement une goutte d’édulcorant liquide pour adoucir l’amertume du chocolat. Et voilà, le tour est joué…

Plus qu’une obligation, même si ce régime s’est révélé être notre seul allié efficace à la détresse de notre petite gamine, ce mode de vie est devenue une véritable passion, alimentée par l’amour indicible que nous lui portons. Nous nous surprenons à expérimenter de nouvelles associations d’aliments, indexant nos résultats aux réactions de la petite. Et il faut avouer que notre choix de privilégier le traitement par l’alimentation au traitement médicamenteux est également le fruit d’un désir de préserver la santé de l’enfant, et la capacité de son corps à se défendre lui-même face aux agressions du quotidien. Ainsi, nous avons fait d’une contrainte notre passion, et d’un malheur notre force de vie… pour l’amour de notre petite Azilis.

Crédit photos : photos personnelles