Un matin, en partant travailler, je remarque en bas de ma porte, un drôle de manège. Un minibus immatriculé en Roumanie semble emmener des ouvriers au travail. Cela se produit à plusieurs reprises, et le nom IMSAT est affiché sur les portières …

Pourquoi une entreprise roumaine à Dunkerque ?

L’observation régulière de ce ramassage m’intrigue, et je fais quelques recherches rapides sur le nom de cette société IMSAT. Je remarque que cette société a un très beau site, et surtout que c’est une filiale de la SNEF. La SNEF est une entreprise installée à Dunkerque qui s’occupe d’installations électriques dans tous les domaines. Ma première réaction est alors : pourquoi une entreprise française installée à Dunkerque fait appel à des Roumains pour ses chantiers ? Avons nous à faire à des « travailleurs détachés » , à du « dumping social » ou à une mondialisation de la main-d’oeuvre ?

Des travailleurs roumains à Dunkerque ?

J’imagine que si nous posons la question au président directeur général de la SNEF, sur la mise en place de cette finale Roumaine au sein son entreprise, ce dernier nous rétorquera l’argument suivant : l’entreprise fait face à une concurrence mondiale débridée, et pour rester concurrentielle sur le marché, la SNEF a du faire appel à une main d’oeuvre plus adaptée « aux réalités du marché ». Cette main d’oeuvre est surtout moins chère, et elle doit ainsi permettre de « répondre aux exigences des actionnaires », et du patron par la même. Je pense qu’il serait  même capable de dire qu’il fait un geste pour la France, en gardant ses entreprises en France, pour éviter des délocalisations. Vous allez me dire que je suis dur dans mes propos, mais ce sont les arguments qui reviennent régulièrement quand on interroge les directeurs généraux sur ces questions.

Quel avenir pour cette course à la rentabilité ?

Pour l’anecdote, le minibus Roumain a disparu. Et j’ai remarqué une autre camionnette immatriculée au Portugal, qui semblait reprendre le même manège. J’imagine que les Roumains ont dû demander des augmentations, ou peut-être qu’un entrepreneur portugais (ou français) est venu proposer ses services pour encore moins cher. Et après qui d’autre, des Chinois, des Indiens, … ? Je ne suis pas convaincu que cette recherche de rentabilité à court et moyen terme, soit une solution pérenne pour l’entreprise.

Quelles sont les conséquences pour les locaux ?

Je me trompe peut-être, mais l’impression donnée par ce petit manège est la suivante : ce sont des Dunkerquois qui voient des étrangers venir travailler chez eux pour des salaires bien inférieurs. Des Dunkerquois qui vont penser que le patron et les actionnaires vont bien se gaver au passage. Des Dunkerquois qui seront forcément plus sensibles aux idées du Front National. Des Dunkerquois qui vont se couper du patronat et du milieu politique forcément complice. Et même si cela n’est pas la seule raison, cela participe forcément à la montée des mouvements nationalistes. Ou au dégoût du milieu politique, avec la désertion des urnes.


Le système est tellement bien rodé qu’on a l’impression d’être impuissant face à cela. Il serait temps que les peuples européens et les Dunkerquois, s’inspirent de l’esprit des Islandais. Quand ces derniers ont été les seuls à refuser le remboursement de la faillite des banques.

Crédit photos : Volkswagen Utilitaires, Pixabay